Il y a le monde et il y a l’enfance.
Il y a les conflits captés à travers une Leica et il y a la prise d’otages.
Il y a trois amis d’enfance, trois destins et une présence toujours là malgré les années qui passent et les chemins différents choisis par chacun.
Il y a la reconstruction.
Etienne est photographe de guerre, toujours en vadrouille, un pied dans la maison de son enfance, un autre dans son appartement parisien et son cœur toujours sur le départ, prêt pour un prochain voyage.
Enzo a choisi de rester dans le village de l’enfance. Ses mains sont son art. Avec elles, il caresse le bois, le façonne, en sculpte des objets. Ses voyages se passent au-dessus des forêts de son enfance, en volant avec son parapente.
Jofranka est partie aussi. L’enfant d’ailleurs, est devenue avocate. Son talent, son écoute. Dans son bureau de La Haye, elle recueille les confidences des femmes sauvées des pays en guerre. Avec sa confiance et son écoute, elle leur offre sa protection.
Chacun a son talent. Chacun a son instrument de musique. Pour Etienne, c’est le piano. Pour Enzo, la guitare. Pour Jofranka, la flûte. Ils ont le morceau de l’enfance. Le trio.
Alors quand Etienne est libéré d’une prise d’otages, c’est ensemble, dans leur village, qu’ils vont retrouver les notes et l’aider à se reconstruire.
Des passages magnifiques et empreints de poésie.
Un roman d’une grande finesse, avec une écriture maîtrisée et sensible.
Les mots portent le poids des conflits et la beauté de l’amitié. Les mots glissent à nos oreilles, comme des notes de musique. Les mots, ensemble, forment une mélodie, la musique du trio, la musique d’une belle histoire.
Il y a un premier coup de cœur pour cette nouvelle année.
Les passages du livre qui m’ont touché :
« Une note reste la même où qu’elle soit jouée mais le son, est-ce qu’il s’imprègne des souvenirs et des pensées de ceux qui habitent là, des gestes de tous les jours, de l’habitude ? »
« Ecouter. Sous ses doigts la musique qui revient, lointaine. La musique de cette nuit-là. L’oreille se souvient. Les doigts se souviennent. La musique revient. »
« La mémoire est à l’œuvre. La musique est à l’œuvre. Ce qui était si loin au fond de lui hissé vers l’air le ciel. Il y a l’enfance il y a le monde. Tout est là. »
« Il a besoin du silence des mots écrits. L’évidence, elle est là. Il a besoin des mots. Lui qui a rapporté tant d’images qui laissent sans voix il lui faut des mots. Pour tenter de comprendre. Il a besoin de retrouver le sens à sa racine. »
Et vous, quel passage vous a parlé ?
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