top of page
Rechercher

« Pentothal » d’Eric Neuhoff aux éditions Albin Michel

  • quandleslivresnousparlent
  • 28 mars
  • 3 min de lecture



Il y a ces films qui remplacent les heures de cours. Vibrer dans les salles obscures, se glisser d’une salle à une autre au lieu d’écouter les cours de TD. Refaire le monde à la terrasse d’un café à la place d’écrire son mémoire. Dévorer les livres des autres et rêver au sien. Passer d’un bar, à un autre, puis d’une soirée à une autre, et admirer le lever du soleil sur les rues parisiennes.


Une vie d’étudiant pleine d’insouciance.


Et puis, il y a cet été de la vingtaine. Toujours la même insouciance. Les amis, les sorties en bateau, les soirées d’été. Et puis une route le long de la Costa Brava et un réveil brutal sur un brancard.


Une succession d’hôpitaux. Un rapatriement en urgence. Douze mois dans une chambre d’hôpital, une multitude d’opérations et un long rétablissement.


Douze mois à vivre une vie d’étudiant par procuration, à suivre les soirées de loin, à écouter les sorties au cinéma et à imaginer les films. Douze mois et les prix littéraires qui s’enchaînent. Les critiques racontent la culture. L’auteur l’écoute de son royaume : un lit qui est son unique chez-lui.


Par une écriture rythmée, avec une touche d’humour à la fois clairvoyante et nostalgique, l’auteur revient sur sa vingt-deuxième année, l’année qui a marqué sa vie. Une année qui avait commencé avec légèreté et qui se termine dans la douleur, celle physique et celle de la perte de son ami.


Les paragraphes s’enchaînent. Les souvenirs affluent par bribes. Il y a les moments d’amitié, ces fêtes, ces soirées à refaire le monde, à rêver du succès futur, de la vie rêvée. Il y a les films d’avant l’accident, toutes ces heures passées à visionner les succès et les déceptions des années 70 et il y aura le premier film de l’après. Il y a cette jeunesse insouciante.


Il y a ensuite cette seconde naissance. Une deuxième vie. Une deuxième chance. Et toujours les amitiés, les films et la littérature. Un peu moins d’insouciance et plus de conscience. La fragilité de la vie mais toujours l’envie de la vivre avec intensité.


Les paragraphes s’enchaînent. L’avant l’accident se mélange avec l’après. Les souvenirs reviennent par touche. Il faut raconter, tenter de ne rien oublier. Le besoin de rendre hommage à cette vingtaine, de retrouver cette légèreté. Dans le même temps, se souvenir de ces longs mois enfermé et allongé sur un lit. Des journées rythmées par les soins et les plateaux repas. Devenir incollable en anatomie. Attendre avec impatience les rires et les visites des amis.


Il y a des morceaux de souvenirs, de moments intimes, drôles et touchants. Des retours de films, de livres. Des prénoms qui ont accompagné une jeunesse. Des moments de vie tout simplement.


Les passages du livre qui m’ont touché :


« Le cinéma se confondait avec la vie. »


« C’était facile. C’était idiot. C’était l’époque. Il nous tardait de vieillir et de déjeuner entre copains sur une terrasse bretonne après un enterrement comme dans Nous irons tous au paradis. Un coup de vent soulèverait la nappe, renversant les verres et les assiettes au ralenti. Nous avions un peu de mal à distinguer la réalité de ce qui se passait dans le noir. »


« Je suis un gigantesque buvard. Ma cervelle est farcie des mots des autres. Ils dansent un pogo enflammé. Dans un déchaînement de syllabes, des citations sautent en l’air, les bras levés vers le plafond, réverbérées par la lumière stroboscopique. »


« Aux TD, je préférais les séances de l’après-midi dans les salles du Quartier Latin. Les cinémas étaient permanents. »


Et vous, quel passage vous a parlé ?

 
 
 

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
  • Instagram

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

©2021 par Quand les livres nous parlent. Créé avec Wix.com

bottom of page